Pour une famille
heureuse
par Mgr Bernard Panafieu, archevêque de
Marseille (*)
Quand on veut donner une image du bonheur,
spontanément c'est celle d'un couple qui vient à l'esprit, un couple rayonnant
et des enfants éclatants de vie !... Ils ne s'y trompent pas ces milliers de
jeunes qui, dans les sondages faits périodiquement pour prendre le pouls de la
société, mettent en tête des institutions les plus solides et les plus
attachantes : la famille. Etrange paradoxe en des temps où justement
l'institution familiale se lézarde au point de se voir affublée des
qualificatifs de "décomposée" ou de "recomposée"!
La contradiction n'est qu'apparente. Sans
doute le nombre de divorces ne cesse d'augmenter. Des couples se font et se
défont non sans tragédies cachées. L'amour est blessé, le couple n'en sort pas
indemne et les enfants non plus. Il y a des brisures qui ne se cicatrisent
jamais.
Les mêmes sondages montrent que l'amour va de
pair avec la fidélité et que l'on continue à faire rimer "amour" et
"toujours"...même si chacun sait la fragilité des engagements et
connaît la perplexité devant la durée.
La génération actuelle est plus sage qu'il ne
paraît. Elle a le goût du bonheur. Elle croit en l'amour. Elle a l'ambition de
tisser des amours durables et des couples fidèles. Mais il faut reconnaître que
les jeunes qui s'engagent aujourd'hui ne sont pas soutenus par le contexte
social dans lequel ils vivent et par le discours que tiennent des magistères
médiatiques.
La seule ambition qu'on semble leur proposer
: faites l'amour sans risque...
Triste éducation affective et sexuelle qui
oublie ce que peut être la tendresse, l'accueil et le respect de l'autre ; la
maîtrise de soi, la joie du don et la fécondité intérieure !
L'Eglise a pris tellement au sérieux l'amour
du couple qu'elle en a fait un sacrement et qu'elle est pratiquement la seule
institution qui propose une formation au mariage. Loin de dévaluer l'amour
humain, elle le sacralise car elle n'oublie jamais que l'homme et la femme sont
faits à l'image de Dieu. Et Dieu ne peut être qu'Amour.
Promouvoir la famille, renforcer
l'institution qui lui permet de s'épanouir, pratiquer une politique qui la
soutient et la valorise, c'est finalement croire que l'Amour a le dernier mot.
C'est parier sur le bonheur, celui qui vient du plus profond du cœur de l'homme
et qui trouve sa plénitude en Dieu.
Plaidons pour une "famille
heureuse" !
(*) Texte publié dans L'Eglise aujourd'hui à Marseille du 1er juin 2001